Outre son attrait paysager, dû surtout aux collines boisées, Clapiers se signale par son clocher, visible de loin, qui veille comme une sentinelle sur notre village et qui est inscrit à l'inventaire supplémentaire des Monuments Historiques depuis 1980. Nombreux sont les Clapiérois qui s'interrogent sur la valeur architecturale et l'historique de leur église.
Des documents détenus par les Archives Départementales permettent d'en savoir un peu plus long et de situer son existence, sinon sa construction - qui pourrait par conséquent être très antérieure - au tout début du XVIIème siècle.
En effet, son existence est attestée par l'épisode relaté par L. Guiraud dans "Etudes sur la réforme de Montpellier" concernant le triste sort fait au curé Camozy, lors des guerres de religion qui ensanglantèrent notre région.
«Nous sommes au début d'août 1621 : A Celleneuve, l'incendie, le pillage, le massacre livrèrent l'édifice (l'église où s'était réfugiée la population) aux protestants. A Clapiers, sans défense, une capitulation à vies et à biens saufs n'empêche ni le pillage du lieu, ni le meurtre de plusieurs habitants, entre autres du Curé Camozy, précipité du clocher. Comme il était visé de façon particulière, son corps fut odieusement et honteusement mutilé et certaines parties promenées dans le camp puis portées en trophée à Montpellier».
D'autres documents en 1668, 1677, 1686 signalent son existence, tel celui du 26 mai 1668 (il s'agit d'une procuration relative à un procès suivi devant le Parlement de Grenoble) qui fait état des prieurés de Pérols et Clapiers. Ce procès concerne les bénéfices de ces deux prieurés.
UN PEU PLUS TARD :
1718 : l'église fait l'objet de réparations importantes ainsi qu'en témoigne une minute du notaire VIALA de Montpellier.
1735-1736 : cette période voit des démêlés du curé MAURIN avec la population du village qui lui reproche de pratiquer des trous dans la voûte de l'église pour attirer les pigeons. Une plainte de trois habitants (les noms ne sont malheureusement pas connus), datée du 25 août 1735, l'exprime à l'Evêque.
- «...le sieur Curé s'en est rendu propriétaire et a fait vendre publiquement dans Montpellier les pigeons qui en proviennent».
Il était alors interdit aux écclésiastiques de créer des pigeonniers dans les églises et plus encore de s'approprier des pigeons qui venaient y nicher.La Révolution, période assez mal connue, voit la propriété de l'église transférée à plusieurs familles du village qui l'utilisèrent à des fins agricoles : on prétend qu'elle servit de grange à fourrage. Le calme revenu, ces familles proposèrent de rendre l'édifice pour y célébrer le culte, moyennant un loyer. Après de nombreuses et longues tractations menées entre la commune et les propriétaires entre 1825 et 1837, une ordonnance royale de Louis-Philippe du 2 mars 1837 autorisera "l'achat par la Commune de Clapiers à divers propriétaires de l'église du lieu". La vente est réalisée en 1840 moyennant la somme de 2 000 Francs (lettre de M. Bonnier, Maire de Clapiers, à M. le Préfet de l'Hérault).
ARCHITECTURE
Eglise orientée, en grande partie XVIIIème, remaniée XIXème et restaurée au XXème siècle. Le mur clocher et les deux tours qui l'encadrent constituent les parties les plus anciennes et peuvent être datées du XIIème siècle.
INTERIEUR
Eglise : nef unique de quatre travées, couverte d'une voûte en berceau surbaissée avec lunettes en arc brisé en pénétration dans la voûte.
Chaque travée de voûte est séparée de ses voisines par un arc doubleau supporté par de très courtes colonnettes à demi-engagées, sur culots épannelés.
La nef est éclairée de baies en arc plein cintre. Au niveau des retombées des arcs doubleaux sur les murs gouttereaux se développe une corniche moulurée, interrompue au niveau des baies et des deux chapelles latérales.
Une tribune moderne a été établie au niveau de la dernière travée de nef, elle est venue agrandir une tribune plus ancienne placée entre les deux tours occidentales.
Au niveau de la seconde travée s'ouvrent deux chapelles latérales sous des arcs plein-cintre, elles sont voûtées d'arêtes.
L'abside semi-circulaire est beaucoup plus étroite que la nef, sa voûte en cul de four est plus basse que le berceau principal.
La tour Sud abrite un escalier en vis très étroit qui donne accès à la tribune et à la chambre de l'horloge.
EXTERIEUR
Les parties les plus anciennes semblent correspondre aux deux tours carrées qui encadrent la façade occidentale et qui devaient certainement s'élever beaucoup plus haut.
La tour Nord est construite en petit appareil de la base jusqu'à 6 m de hauteur environ, puis en gros appareil de calcaire coquillé.
Les murs gouttereaux et les chapelles latérales sont beaucoup plus récents.
Les travées actuelles de la nef sont un aménagement de la fin du XVIIIème et peut-être même du XIXème siècle puisque sur le mur nord apparaît une ouverture plein-cintre occultée correspondant à une ancienne ordonnance. Les murs de la nef sont contre butés par des contreforts XIXème. Sur la façade occidentale, la porte est également du XIXème siècle.
La nef et le chevet sont construits avec un matériau disparate (bain de mortier, moellons et pierres d'appareil en réemploi).
Le mur clocher, au-dessus de la façade occidentale, constitue certainement l'élément le plus intéressant de l'édifice, avec ses trois arcades plein-cintre. Il correspond aussi à la partie la plus ancienne et la moins remaniée. La façade occidentale, entre les deux tours, correspond à un remplissage moderne, la façade d'origine se trouvant en retrait, dans le même plan que le mur clocher.
L'espace entre ces deux façades sert de logement aux contrepoids de l'horloge.
Outre les vestiges de l'église paroissiale, d'époque moderne, on peut trouver sur Clapiers des vestiges archéologiques d'époque gallo-romaine ou du Moyen-Âge. Ils sont répertoriés dans le document III 4 du P.O.S.